TEST - Radiata Stories

Publié le par Tuân



Taratata, sonnez trompettes et cors chère populace, car l’association Square-Enix commence massivement à faire des petits afin de remédier à la mollesse certaine des productions ayant pointées leurs nez ces derniers mois. Radiata Stories, tout comme Star Ocean Till The End of Time en son temps, fait office d’héraut de cette duplice japonaise, et ce pour le meilleur et pour le pire. Doit-on autant placer nos espoirs de joueurs en cette nouvelle entente ? Zoom sur Radiata Stories qui pourrait bien apporter son lot de réponses sur la chose...



Siffler en travaillant
Avez-vous déjà entendu parler du village de Solieu ? Non ? Bah ça tombe bien parce que moi non plus ; sachez simplement que le jeune Jack Russell, notre héros, y vit paisiblement depuis moult années avec sa soeur et voilà quoi. Car oui, comme tout bon RPG moyen, il fallait bien que le héros soit sur ses seize ans, n’ait pas de père et vive seul avec quelqu'un : on ne change pas une équipe qui gagne. Toutefois, un événement charnier va chambouler le quotidien du petit godelureau : le concours d’admission à la chevalerie du royaume de Radiata. Bien décidé à prouver sa valeur et mettre à l'épreuve la dureté de ses biceps, Jack s’y rend afin d’aller pourfendre ses concurrents après que sa soeur lui ait remis l'épée de feu son père. Une fois au château, Jack semble fin prêt à en découdre avec qui veut. Mais notre cher damoiseau ne tarde pas à déchanter quand il fait face à Ridley Silverlake, une frêle demoiselle qui va littéralement l’envoyer ad patres à gros coups de hache. Censé être recalé du concours après cette cuisante défaite, Jack se voit tout de même admis à la Rose Cochon Brigade en raison de son lien de parenté avec celui qui fut son père mais également l’un des plus grands guerriers de Radiata. Mais notre adolescent pré pubère aura une surprise de taille en constatant que mademoiselle Ridley a également intégré la même brigade que lui. Ca va chier des bulles entre les deux compères.



Le thon, la truite et le merlan.


Que l’histoire commence !
Ou plutôt que le jeu commence, car Radiata Stories n’a justement pas d’histoire à proprement parler. Enfin si, mais disons que les scénaristes se sont surtout mis à l’ouvrage durant la pause de midi entre une pipe au miel et une pause clopes. De ce fait, le jeu est à la hauteur de l’ambition/la flemme (la réponse officielle est en gras) des développeurs, faisant de Radiata Stories une simulation de promenade champêtre ponctuée de grands moments de chômage, car il faut savoir que votre joyeuse bande sera envoyée de par le monde afin de remplir des missions et autres réjouissances pour ensuite méchamment glander. L’ANPE n’ayant pas cours dans le royaume de Radiata, le job de mercenaires amusera beaucoup Jack. Mais pas vous.

Si ce gameplay est frais et amusant durant une demie heure de jeu, soyez certains que la demie heure d’après ne sera pas autant ponctuée de joie et de volupté. Quoi de plus saoulant que passer trente ans à courir dans un bête château pour aller chercher colis et caleçons et les ramener à un abruti ne sachant pas rester en place ? Car oui, disons-le franco, Radiata Stories et son côté « exploration » des donjons et autres villages est encore plus moisi et soporifique qu’un Chasse & Pêche à 3h du matin (et encore, on se marre plus devant Chasse & Pêche). La lassitude sera réellement de mise, même si les développeurs ont eu la grande idée (peut-être la meilleure du jeu) d’ajouter une touche d’action via le bouton X afin de donner des coups de pied bien vicelards à tout ce qui bouge, et ce pour dégotter des items planqués dans le décor ou encore pour chercher l’embrouille aux divers quidams faisant leur biz pépère.

En fait, Radiata Stories est une simulation de footballeur anglais au chômage.



N'hésitez pas à chercher l'embrouille aux pieds de lit
à la manière de Cantona. Ici, pas de cartons...




Vous aurez souvent à dealer avec les nains,
dont la ville se situe au fond de cette vallée.


« Je suis ton père » (air connu)
Vous n’êtes pas sans savoir que le jeu a été développé par la fine équipe de tri-Ace, grande habituée des instrus de plombiers du père Motoi Sakuraba et des concepts novateurs à la mords-moi-l’nœud (binôme quasi indissociable). Cette fois-ci, monsieur Sakuraba répond aux abonnés absents, son clavier et ses compositions de non musique intersidérale lui ayant certainement refilé une crampe au cuir chevelu après Star Ocean 3. Et non, cette fois c’est monsieur Noriyuki Iwadare qui s’y colle et il faut dire que ça ne vole pas très haut ; le compositeur de Lunar et autres Grandia semblait également follement occupé avec les scénaristes durant la pause de midi, nous offrant ainsi des compositions plates, bêtes, faisant même passer David Hasselhoff et K-Maro pour des mélomanes avertis. Vous aurez tôt fait de constater que le silence est votre meilleur ami en jouant à Radiata Stories.

En fait, le verbe « jouer » me dérange au plus haut point ici, car si tri-Ace et Square-Enix ont une conception du ludisme basée sur aller à gauche, aller à droite, aller en bas et aller en haut, alors peut-être que l’on peut dire que l’on joue à Radiata Stories. Contrairement à Xenosaga qui nous demandait d’être un spectateur attentif, Radiata Stories nous demande d’être un acteur passif. Car même les combats ne relèvent en rien la sauce. Le jeu se déroule ainsi de deux manières : simulation de footballeur anglais au chômage lors des phases d’exploration, et simulation de CRS lors des combats : on tape, on avance, on tape, on avance, on tape, on avance. Adoptant les manières d’un Star Ocean 3 du pauvre, les confrontations se passent en temps réel et vous mettent dans la peau d’un seul de vos personnages (Jack par exemple). De plus, vous pourrez même dégotter par la suite de nouvelles techniques, apprendre des dispositions stratégiques d’attaque ou de défense, et donner des ordres à vos coéquipiers afin que les effusions de sang se fassent dans la joie et l’allégresse. Mais c’est super, le jeu devient bien plus technique ! Car ce cap passé, la conception des combats prend une nouvelle tournure : on avance, on tape, on avance, on tape, on avance, on tape. En fait, on s’emmerde toujours.



C'est beau, ça brille, ça part dans tous les sens... Mais c'est totalement pourri.


Mmmm… C’est bon… C’est à la vanille…
Ou parce que ça sent bon l’abricot si vous préférez. Malgré mes critiques acerbes et ô combien construites, on ne pourra pas enlever quelque chose à Radiata Stories : son ambiance féerique et sa grande dose d’humour. Il est souvent bien amusant d’assister à des dialogues poilants entre les divers protagonistes tels que Jack, Ridley et Ganz Rotschild, le chef de la Rose Cochon Brigade ; rares sont les moments où vous n’esquisserez pas un sourire lors de leurs clash en tout genre. De plus, le tout s’accorde avec harmonie aux graphismes dôtés d’une 3D bien mignonne et toute colorée, et bien souvent vous perdrez vos yeux et votre esprit dans le feuillage d’un arbre, ou encore dans l’architecture rustique et chaleureuse d’une petite bâtisse faite de pierre et de bois. Etrangement, le jeu des acteurs ricains s’avère d’une justesse étonnante, témoignant du fait que les cheese steaks addicts se sont réellement pris au jeu en caricaturant avec bonne humeur nos débiles de personnages lors des doublages. On regrettera seulement le cas de ce satané Jack, affublé d’une voix dont l’accent est encore plus sudiste qu’un texan et sa coupe mullet. Mais bon, on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la laitière.

Nous parlions de la tendance de tri-Ace à nous pondre des jeux aux concepts novateurs, et si certains de ces concepts s’avèrent mal négociés dans Radiata Stories (comme les combats et les phases d’exploration), force est de constater que d’autres ont le mérite d’être géniaux, comme par exemple la quête pour les personnages annexes qui vous obligera à réfléchir un tant soit peu si vous désirez enrôler un guerrier ou un mage. Ces derniers peuvent être approchés par le biais de combats à l’issue desquels ils se joindront à vous si vous gagnez. Ou encore il faudra leur apporter un objet particulier ou accomplir une action spécifique afin de rentrer dans leurs bonnes grâces et ainsi les ajouter à votre liste d’amis. De plus, tous ces personnages annexes mènent une vie dans le jeu : ils vaquent à leurs différentes occupations en fonction des heures de la journée et de la nuit, rajoutant ainsi un semblant d’immersion comme Shenmue l’avait proposé à l’époque de par un système de déroulement des événements en fonction du temps qui s’écoule. De ce fait, les quartiers des villes que vous visiterez adopteront des visages bien différents selon la position du soleil ou de la lune, le tout accompagné par des habitants bien affairés à respecter leurs horaires et leurs agendas.

D'autres petits détails bien sentis apportent également leur lot de gaudrioles, comme l'équipement par exemple : Jack revêt des tenues inédites en fonction de l'armure équipée. Les plus trendy titilleront leur fashion attitude afin d'égayer le jeu, chose totalement inutile et futile mais ayant le mérite de rajouter une couche de gaieté à ce jeu aux instants Nutella si innocemment délicieux ((c) Medoc). J'adore Dior.



Les décors intérieurs sont drôlement chaleureux.


Va ici, va là-bas !
Vous l’entendrez bien souvent au cours du jeu et, bête que vous êtes, vous vous sentirez bien obligés de remplir des jobs ingrats en raison du fait que Radiata vous aura tout de même coûté soixante Euros (je ne me sens pas visé, eh…). Mais peut-être serez-vous intéressés par le concept d’avancer en tapant ou de taper en avançant, sauf qu’ici la philosophie socratique avancée par ma pauvre personne atteint les abysses de la pensée chez moi et les méandres du plaisir de jeu chez Radiata. Tout cela est bien dommage, car les points négatifs sont bien trop nombreux face aux points positifs de ce petit soft qui se révèle de plus trop long à démarrer et lassant à la longue. Radiata Stories est en gros une bonne blague de fin de repas, une chatouille qui fait rire les enfants un moment durant mais qui finit par irriter les plus âgés, ce qui fait de lui une curiosité qu'on aurait meilleur temps de voler que d'acheter...

L'erreur est humaine, mais pas la zoophilie.

Tuân, drôlement déçu




Jack et Ridley, sacrée paire de garnements...


Concepteur: tri-Ace (sans majuscule svp)
Editeur: Square Enix
Genre: RPG vite fait
Support: PS2
Sorties: 27 janvier 2005 (Japon) et 6 septembre 2005 (USA)
Difficulté: Bof...



Replay Value 7/10
Les plus crochés trouveront toujours le moyen de vouloir dégotter tous les persos, ce qui est quasi impossible lors de la première partie et demandera donc de se relancer dans cette grande non aventure. Les moins motivés ne tarderont pas à se taper un roupillon, même si Lenneth Valkyrie se trouve au bout...

Scénario 3/10
Aussi inexistant que l’hygiène de vie chez un punk, quoique rarissime.

Graphisme 7,5/10
Mignon, agréable, un des atouts évident du jeu. On regrettera par contre la pauvreté de détails des aires de combats, donnant ainsi une étrange sensation de vide et de bâclage.

Personnages 4/10
Entre un héros au faciès simiesque, une blonde aussi sèche et rigide qu'une bite d'évêque et un espèce de porc en bleu, on aura un peu de mal à y trouver son compte parmi cette drôle de clique. Certains persos rattrapent tout de même cette grosse faiblesse plus loin dans le jeu, mais sans pour autant casser trois pattes à un canard.

Gameplay 3,5/10
Sans nul doute le plus gros défaut du jeu : malgré un système de gestion extrêmement simple et instinctif, on regrettera les trop nombreux à côtés relatifs à la forme qui rendent Radiata Stories horriblement irritant à prendre en main.

Ambiance 6,5/10
Pour peu que vous appréciez les atmosphères bon enfant et que vous pleurez de joie chaque fois que vous traversez une rivière en marchant sur un tronc d'arbre, il est fort à parier que Radiata Stories vous comblera sur bien des points.

Son 6/10
Scandaleux, juste scandaleux. Vous avez bien meilleur temps de faire péter vos ghettos blasters avec votre propre playlist. Mais coup de coeur pour les doublages.

Système de combat 4/10
Peut-être la meilleure blague de tri-Ace à ce jour. Même les petits ajouts techniques ne changent en rien la lassitude éprouvée lors des affrontements contre de terrifiants hérissons.

Durée de vie 8/10
La quête en personnages annexes vous demandera vraiment du temps et il est sûr qu’une seule partie ne s’avérera pas fructifiante. Les Christian Dior en herbe s'amuseront quant à eux à choper en magasin des sapes aussi proches du corps que celles de Medoc : si tel est le cas, doublez facile la durée de vie, plaire demande clairement du temps.

Conclusion 5,5/10
Si vous avez un sens de l’humour alternatif développé, soyez certains que cette blague qu’est Radiata Stories vous fera rire un certain temps. Le résultat est d'autant plus regrettable, les bonnes idées étant malheureusement en totale dissonance avec la forme du jeu. On nage en pleine fosse sceptique malgré la volonté de Square Enix qui nous prouve une fois de plus son potentiel de création et d'inventivité, mais ne nous convainc guère avec un cru aussi médiocre. Radiata Stories, c'est un peu comme de la bière : sitôt bue, sitôt pissée.






Publié dans NIAKERIES

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M
Moi j'ai bien aimé l'ambiance de ce jeu bien fun et légère, reste les combats reloux (je suis en train de me demander si je dois accorder "relou" ou pas... bon je l'accorde^_^) et un scénar' pas vraiment grandiose.<br /> Sinon j'ai bien rigolé parfois, ce qui n'est pas forcément toujours le cas avec d'autre RPG.
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T
RS est clairement un jeu ayant beaucoup d'humour, surtout quand tu vois les rixes entre les trois persos principaux (j'adore le gros moustachu).Malheureusement, le tout est entâché par un scénario trop moyen et par un gameplay ignoble. Je dis dommage.
S
Une petite vidéo pour la route...http://www.youtube.com/watch?v=hWHq5J5JBlc&mode=related&search=
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T
Merci bien !
S
Ragarde le lecteur que j'ai mis sur mon blog... à gauche... trop de la bombe!!!500 Mb de place, surfacile à faire!www.stickam.comSysT
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T
Mec. c'est de la bombe ! Merci du tuyau, je vais m'en jeter un oeil là-dessus.